Honni soit qui mal y panse !

« Avoir moins mal ou ne plus avoir mal c’est possible, et c’est un droit. »

L’article L.1110-5 du code de la santé publique indique:

« Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée ».
Ainsi, en l’espèce, il en va de certaines situations plus ubuesques les unes que les autres rencontrées par les ambulanciers dont celle qui suit et que nous allons vous conter.

-Samedi 24 Mai est engagée par le SAMU 83 une ambulance pour prise en charge d’une patiente résidant à la Crau et présentant comme pathologie une douleur thoracique. 

 Précisons que la patiente a initialement fait appel à SOS Médecins pour une violente douleur lombaire persistant depuis deux jours, qu’un médecin s’est rendu à son domicile et qu’un morphinique lui a été administré, morphinique non supporté et ayant occasionné la douleur thoracique précédemment citée. 

 Il semble nécessaire de préciser que la patiente ayant subi une ablation de l’hypophyse, elle ne supporte pas certaines molécules présentes dans certains médicaments, ce qui a pour effet de lui occasionner des douleurs thoraciques au niveau du plexus solaire.

 Rendu sur les lieux en 10mn, l’équipage effectue un bilan conventionnel transmis quelques instants après au SAMU 83 et faisant étant d’une hyperalgie persistante en fosse lombaire droite, la douleur thoracique ayant cédée entre temps.

 La patiente est difficilement mobilisable, une demi-heure sera nécessaire aux ambulanciers pour effectuer un passage de lit à civière et ce, dans d’insupportables souffrances pour la patiente, durant même le transport vers l’hôpital.

 A noter qu’après bilan, évacuation vers le SAU du CH Hyères est demandée par le SAMU.

 Cette destination connue, le personnel CCA appelle sa régulation pour lui en faire part, ce à quoi il lui est rétorqué qu’un équipage vient de passer plus d’une heure à attendre à l’hôpital d’Hyères, que les urgences y sont à saturation et qu’il est hors de question qu’une ASSU de garde y soit immobilisée plus que de raison.

 Appel émanant du CCA est donc de nouveau fait à la régulation du SAMU 83 pour l’informer de cette situation, demandant une redirection vers les CH Ste Musse ou Ste Anne, ce qui lui est refusé, ces deux hôpitaux étant également saturés aux dire de l’ARM.

 L’ambulance roule donc vers le CH Hyères où celà risque d’être tendu au vu de l’encombrement des urgences mais aussi et surtout au vu de la détresse algique de la patiente.

Avant de sortir le brancard du véhicule le CCA se rend à l’accueil des urgences pour s’enquérir de la situation des admissions, il lui est signifié que 8 dossiers sont en attente de traitement par l’IAO, qu’il y a au minimum une demi-heure d’attente puisque que c’est la relève et qu’il y a transmission des consignes, et que de toutes façons, il n’y a plus de place!

Contact téléphonique est pris par le CCA auprès de l’IAO du CH Ste Musse qui, une fois la situation expliquée, lui dit qu’il y a de la place et que la patiente peut y être prise en charge rapidement.

Nouvel appel effectué par le CCA au SAMU 83 pour l’informer de cette donnée et demander une évacuation vers le CH toulonnais pour prise en charge rapide de la patiente.

Mise en relation est alors effectuée entre le CCA et le docteur T., médecin régulateur Centre 15, officiant alors.

Lequel médecin, après rappel des faits, n’autorise pas l’évacuation vers le CH Ste Musse au prétexte que le patient n’a pas à choisir le lieu de son hospitalisation, que celà est inadmissible, et que la décision donnée par le-dit médecin régulateur est sans appel.

Le CCA insiste de nouveau sur l’état de santé de la patiente, répète une énième fois que cette dernière souffre beaucoup, qu’elle se tord dans tous les sens sur le brancard, et qu’elle nécessite une prise en charge rapide de sa douleur, procédure infaisable au CH Hyères qui est saturé et pas en mesure de recevoir la patiente dans un délai convenable.

Ce à quoi il est rétorqué que ce n’est pas au SAMU 83 de trouver une place pour cette patiente, que celà relève de la responsabilité de l’IAO et des médecins du CH Hyères, que la patiente n’a qu’à souffrir sur le brancard, que rien n’atteste la saturation des urgences puisque le CH n’a pas déclenché de plan blanc, bref que la décision initiale est irrévocable et que l’attente est inéluctable.

Le CCA informe alors le docteur T. que la patiente va être informée de ces propos, ce quoi il lui est répondu que c’est hors de question!!! Manque de pot, ce fut fait…

Inutile d’expliquer l’offuscation de la patiente, son incompréhension face à cette situation invraisemblable et sa déception de se voir encore souffrir de longues minutes…

Elle remerciera quand même vivement l’équipage ambulancier pour avoir tenté par tous moyens de trouver une solution.

Au final, soit une heure après l’arrivée aux urgences hyéroises, une place sera trouvée après intervention de l’administrateur de garde et « dégagement » d’une personne en box de déchocage.

 

Que penser de ce que nous venons de lire?

-Peut-être que le SAMU 83 fait la pluie et le beau temps, tout au moins pour certains de ses intervenants.

-Si le fait de ne pas prendre en considération dans une certaine mesure les desiderata pour raisons familiales et personnelles des patients/victimes peut se comprendre du fait qu’une hospitalisation ne doit pas être assimilée à un séjour à l’hôtel, il est inadmissible qu’une personne souffrant de façon sévère se voit mise au rebut durant une heure dans un service d’urgence saturé, alors que l’on a possibilité de la prendre en charge dans une autre structure.

-Mais bon, il faut croire que missionner un hélico pour faire des ronds dans l’air est plus intéressant et jouissif que réguler une ambulance privée à bon escient et avec professionnalisme.

 

 

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